Un nouveau souffle dans la lutte contre le tabac à Madagascar
Antananarivo – La lutte contre le tabac connaît un nouveau souffle à Madagascar. En application de la Convention Cadre de la Lutte Antitabac (CCLAT), les revenus provenant de la taxation des produits du tabac sont à présent redirigés pour financer la lutte antitabac. Cela a permis entre autres la construction d’un centre de sevrage et d’un bâtiment devant abriter la Coordination nationale de lutte antitabac, des infrastructures qui ont été achevées en fin d’année 2021 et sont entièrement financées par ces taxes.
Le centre de sevrage tabagique provenant des taxes tirées du tabac, qui ouvrira à Antananarivo et accueillera environ 100 personnes par mois, permettra de renforcer la prise en charge des personnes en offrant notamment des thérapies de groupe et des services de counseling et de suivi, dont une assistance sociale et des conseils en termes de nutrition et de remise en forme. En plus de la lutte antitabac, il est important de noter que d’autres programmes de santé sont financés par ces recettes. C’est le cas de la Couverture Sanitaire Universelle et de la lutte contre la consommation nocive de l’alcool.
La taxation du tabac est une mesure peu coûteuse en termes de mise en œuvre, et elle génère des recettes importantes à court et moyen termes. Les taxes du tabac permettent de réduire la charge sanitaire et les pertes économiques qui résultent des maladies liées au tabac, comme l’explique le Directeur de l’Office National de Lutte Antitabac (OFNALAT), Dr Aurélien RAVELOJOELIANDRIAMBELOARITAFIKA.
Selon une analyse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une hausse des prix de 10 % fait reculer la consommation d’environ 4 % dans les pays à revenu élevé, et d’environ 5 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’OMS appuie les pays pour augmenter la taxation des produits du tabac afin de les rendre moins abordables.
A Madagascar, le tabagisme a coûté la vie à environ 8 300 personnes en 2017, selon le Modèle d’Investissement pour la CCLAT d’août 2019. Dans le pays, 38,7 % des hommes et 14,8 % des femmes âgés de 15 à 49 ans utilisent au moins une forme de tabac, selon les données du Multiple Indicator Cluster Survey de 2018. Les plus jeunes ne sont pas épargnés : selon le Global Youth Tobacco Survey (GYTS 2018), 10,1% des élèves de 13 à 15 ans fument couramment du tabac à fumer, et 8,9% des élèves de 13 à 15 ans fument couramment des cigarettes.
Selon le Modèle d’Investissement pour la CCLAT à Madagascar d’août 2019, le pays applique un taux de taxation total sur les cigarettes qui représente 80.4% du prix de vente au détail de la marque de cigarettes la plus vendue. Une taxe de 1430 Ariary (US $ 0,35) est appliquée par paquet de cigarette et selon les données de la Direction Générale des Impôts (DGI), le droit d’accises sur les produits de tabac dans le pays tourne autour de 325%.
Depuis 2021, Madagascar se classe parmi les 15 premiers pays imposant les taxes de tabac les plus élevées au monde selon le Rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale du tabagisme de la même année. La mesure fiscale est appliquée dans le pays depuis 2017 et permet à l’OFNALAT d’obtenir une partie de la taxe spéciale sur les tabacs manufacturés, les boissons alcooliques et les jeux de hasard.
En plus de la taxation, les mesures de prévention du tabagisme sont également renforcées dans le cadre de la lutte antitabac. Les activités de prévention concernent par exemple la production de supports de communication ciblés portant sur la lutte antitabac et l’organisation de campagnes de sensibilisation à l’attention des couches les plus exposées.
Les avancées majeures enregistrées dans la lutte contre le tabac ont été rendues possibles à travers le plaidoyer de haut niveau conduit par l’OMS auprès des départements ministériels de la Santé Publique et des Finances. Un projet national s’en est suivi sur la nécessité de l’obtention de la taxe au profit de la lutte antitabac. La taxe est actuellement fonctionnelle dans 8 des 23 régions du pays.
« Ces mesures témoignent de la volonté du gouvernement d’améliorer l’état de santé de la population et de donner un nouvel élan à la lutte contre toute forme de tabagisme », note le Représentant de l’OMS à Madagascar, Dr Laurent Musango. Nous continuerons à conduire toutes les initiatives visant à rendre le tabac moins abordable et moins attrayant, pour sauver le maximum de personnes du fléau du tabagisme », conclut-il.
OMS Madagascar
Email : raminosoav [at] who.int (raminosoav[at]who[dot]int)
Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)